mercredi 10 février 2010

Maria et les autres

Adel El Zaïm








Adel El Zaïm


M A R I A
ET LES AUTRES





Chapitre 1


Là, où les soleils se lèvent


Qu’il soit au Guatemala, en Angola, au Liban, en Turquie, en Inde ou n’importe où, un reporter international doit obéir à son journal ou à son agence de presse, selon des instructions bien précises, soumises aux règles de droit international et, parfois, aux règlements plus stricts du gouvernement de sa nationalité. Il se voit aussi contrôlé sévèrement par le pays destinataires et les pays de passage.

Dans le cas d’ignorance, volontairement ou non, de ses restrictions, le reporter serait souvent obligé de retourner à son pays, expulsé mani militaris par les forces publiques, s’il n’est pas emprisonné, légalement ou illégalement, par les autorités locales.

Généralement un reporter doit être neutre, objectif, spectateur, commentateur etc. mais jamais partisan, collaborateur ou complice dans tous ses actes et ses attitudes. Sa conviction doit, en outre, rester indicible, s’enfouir dans ses profonds. Il doit respecter le silence et éviter les manifestations provocantes de la joie ou de la colère. Il ne doit pas sélectionner son interlocuteur, mais être apte de parler avec les individus ou les représentants des différentes tendances, partis ou organisations locales ou mondiales, sans discrimination ni favoritisme .

Bref, il a une tâche difficile entourée de tout ce qu’on peut imaginer de contraintes ou de risques concernant son métier, sa liberté, ou même sa vie . Tous les ans , il y a des listes des morts en dizaines ou centaines des reporters tués, exécutés ou tombés dans des combats ou attentats .

Notre journal envoie cette semaine, Christophe, reporter d’origine portugaise, mais vivant en France depuis au moins quinze ans, dans certains pays hispanophones de l’Amérique latine, en passant par la Bolivie pour qu‘il soit accompagnée par notre correspondante locale, Maria, qui parlait l‘espagnole, langue ignorée par lui qui parlais le portugais. .. Il doit rester, en principe, trois mois dans le nouveau continent . Nous avons préparé pour lui, son passeport et les visas nécessaires qui aura besoin.

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Nous n’avons aucun souci pour lui dans cette nouvelle mission; parce qu’il a la force phisique, l’endurance, l’intelligence, la connaissance de l’anglais, langue officieuse des reporters internationaux comme d’autres groupes de plusieurs associations de droits de l’hommes ou médecins sans frontières. En plus, il avait surtout une longue expérience, dans les affaires de tiers monde, obtenue dans une vingtaine de pays aux quatre coins du monde.

Sa tendance politique est un peu ambiguë, mais comme notre journal fait partie de la presse progressiste, on a droit à croire qu’il est un homme de gauche .Cela n’interdit pas que nos journalistes locaux ou à l’étranger soient de pur professionnalisme .

Quant à Maria, la correspondante bolivienne , elle est en séparation complète avec les gens qu’elle les considère de droite ou de l’extrême droite . Elle est d’ailleurs une ennemie farouche contre les producteurs et les trafiquants de drogue .Nous avons une grande confiance en elle, et nous nous félicitons de trouver une de ses espèces dans la région .

En plus, c’est une jeune fille de vingt cinq ans, moins cultivée que Christophe, et moins âgée que lui d’une dizaine d’années, très belle physiquement, bien présentable quand elle parle à la télévision, comme représentant de notre journal .

Nous l’avons avertie de l’arrivée de Christophe à l‘aéroport de La Pas, à la date et l’heure convenues avec lui , pour qu’elle le reçoive à son arrivée, et lui aider à remplir les formalités compliquées imposées par les autorités militaires là-bas .

Nous souhaitons que Christophe et Maria s’entendront bien ;car, seulement dans cette condition , qu‘ils puissent réussir leur mission ;D’abord, le savoir de langue pratiquée en espagnole et certains dialectes ou patois, constitués des phrases mélangées avec des mots hérités des Encas, serait indispensable dans des cas particuliers, et ce n’est que la présence de Maria qui peut faciliter le contact avec les indigènes et les agents de l’État.

Ensuite, l’effet que donne l’apparence d’un couple est mieux qu’un individu voyageant seul. .Mais, dans ce cas là, il faut qu’ils soient inséparables ; qu’ils sortent, mangent, se couchent ensemble . Les deux étaient d’accord sur ce point sensible .

Enfin, ils seront plus en sécurité, pris individuellement ou ensemble; car, si l’un était séparé de force, soit perdu dans les ruelles d’une ville, soit kidnappé par des rebelles ou par des agents de sécurité du pays, ou blessé et transporté dans un hôpital isolé ou inconnu , n’ayant pas les moyens de communiquer avec l’autre pour maintes de raisons; l’autre pourrait nous avertir directement des causes de l’incident ou de l’absence provisoire qui dépasse certaines limites, et, le cas échéant faire des recherches soit en agissant tout seul, soit avec l‘aide des autorités officielles .ou des organisations et associations internationales ou, même par l’intervention
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exceptionnelle des rebelles .Tout dépend des circonstances et de quel côté ils ont affaire. .

Nous ne faisons pas ces précautions spécialement pour Christophe et Maria , mais pour tous nos reporters et correspondants .

Nous espérons que tout ira bien, que notre reporteur revient sain et sauf chez lui, et notre correspondante soit en sécurité dans son pays .

La mission commence le week-end prochain et nous n’avons que prier pour eux.


Chapitre 2

Les portes s’ouvrent et se ferment


Les lumières pâles de l’aéroport de la capitale s’approchent, et le capitaine de l’avion annonce l’arrivée imminente de son appareil et souhaite pour les passagers bon séjour en Bolivie.. Christophe, ayant l’habitude des longs voyages était endormi presque pendant la deuxième moitir du trajet .

Quand les moteurs sont arrêtés et la porte de l’avion s’est ouverte, Christophe avait cette fois là, et exceptionnellement un sentiment d’angoisse. Ce n‘était pas parce qu‘il arrive dans un pays lointain, il a l‘habitude de le faire, mais parce que c‘est la première fois qu’il va travailler avec une femme qu’il la connaît pas, jour et nuit ,et en plus, faire semblant qu’elle soit sa petite amie, ou quelque chose comme ça . L’Agence avait prévue qu’il va rencontrer la fille en sortant au hall d’arrivée des passagers, et le rédacteur en chef lui a montré la dernière photo de Maria, pour ne la pas confondre avec une autre personne .

L’angoisse a disparu petit à petit en s’occupant des premières démarches administratives, mais Maria était comme son ombre dans tout ce dilemme; ne parlant pas la langue , ne pouvant pas se faire comprendre par son anglais malgré qu’il le pratique parfaitement bien avec un bon accent américain. L’aide de Maria était la bien venue pour lui .

Il n’avait pas le temps, même pas l’envie de contempler le visage de son assistante. C’est uniquement quand ils sont sortis dehors et assis dans un taxi du siècle dernier, qu’il a regardé Maria. C’est une belle fille, en effet, avec ses grands yeux noirs, son nez bien droit, sa bouche souriante, ses traits d’une créature née d’un mélange entre un sang encas et une civilisation espagnole .

Elle avait déjà réservé une chambre à deux lits, dans un petit hôtel aux environs de la ville , en fuyant les grands hôtels et les rues encombrées ; et, surtout, les militaires et les agents de sécurité .

A la réception de l’hôtel, c’est elle aussi qui a parlé avec le vieil employé indigène et aidé à monter les valises dans ’’leur’’ chambre, par un escalier vétuste et
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bruyant .

Une fois retourné en France, Christophe raconte les suites :

Nous nous sommes reposés un peu, et après avoir lavé visages, nous sommes descendus pour prendre quelques choses à manger

Je suis habitué à faire cette vie austère, même dans des hôtels meilleurs que celui là. Je n’aime pas la luxure et les apparences .Nous avons bavardé en toute indiscrétion , parce que nous étions seuls dans le hall miniature d’en bas , puis nous avons senti la fatigue et le sommeil, et repris l’escalier de nouveau .

Nous n’avons pas abordé aucun sujet politique, en relation ou pas avec notre mission professionnelle; car, qu’est ce qu’il reste pour demain à discuter si nous avons tout dit ? D’ailleurs, aucun entre nous n’ignore les renseignements nécessaires concernant l’autre ou les détails des la mission projetée .

Dans la chambre, il n’y avait pour nous changer ou pour faire notre toilette qu’une petite espace séparée par un rideau sans couleur . J’ai commencé moi-même, à ôter, le premier, mes habits, derrière le rideau, pas parce que j’étais le patron, et j’avais envie de dormir; mais pour laisser à elle ,comme femme, la liberté et le temps, et surtout la pudicité et la discrétion; je me suis enfoncé dans les plis de ma couverture du lit pour me coucher .

Je l’ai entendu laver les mains, mais elle est sortie de sa cachette et s’est déshabillée au milieu de la chambre. Quand elle est devenue toute nue, elle s’est approchée de mon lit, a ouvert l’ extrémité de la couverture et regardé droit dans mes yeux. Elle m‘a dit : « Tu as envie de faire quelque chose? ».

Je suis devenu tellement étonné et perplexe . C’est la première fois qu’une collègue me propose ça , directement et indiscrètement ,après deux heures dont nous nous sommes rencontrés .

Alors je lui a dit: «Écoute ! Je suis fatigué; je voudrais dormir » .Comme ça, brutalement .

Il a ri , parce que la phrase que j’ai prononcée ressemblait, sans doute pour elle, à celle très familière, utilisée d’une façon tout à fait banale, mais efficace, entre époux mariés depuis longtemps !  Mais elle n’a pas laissé sur son visage aucune grimace ou réaction de déception outre mesure. Elle m’a dit « dors bien; fais de bons rêve! », de la même manière, faite à la conjugale, que moi; puis elle a instinctivement ajouté : « Es- tu marié? Fiancé peut-être? », c’était comme elle avait cherché une raison pour mon refus, et justifier sa proposition faite en ignorant ma situation familiale .

Puis, elle est partie, toute nue, également, pour dormir.

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. L’Agence a eu certains détails sur les dernières heures passées à La Pas.

Ils sont restés un seul jour dans la capitale, pendant lequel Maria avait besoin d’un temps assez long dans son domicile et dans son bureau, pour préparer ses affaires et faire ses valises. Tandis que Christophe a profité du temps mort pour se promener un peu, regarder la ville, acheter quelques souvenirs et envoyer des cartes postales .

En somme, ils n’avaient aucun problème avec les autorités locales grâce à Maria et ses connaissances boliviennes qu‘elle avait. Le soir, ils sont allés à l’aéroport, pour prendre l’avion à une destination que l4Agence n’est pas autorisée à divulguer son nom.

Toutes les choses sont prêtes pour l’aventure .

En avion , ils étaient assis, côte à côte, bavardaient pendant tout le temps qu’il fallait pour arriver à l’autre pays latin . Ce voyage devait permettre à eux de se connaître mieux.




Chapitre 3

Secoue-moi, fierté


On laisse à Maria de relater l’évolution de cette histoire :

En effet, je n’étais pas fâchée outre mesure, de l’indifférence de Christophe, qu’il semblait plus professionnel qu’un homme normal. De toute façon, ce qu’il nous joint c’était le travail, l’exercice du métier. Les autres choses, devaient être restées à part.

Dés l’arrivée à notre destination, nous sommes reçus par Salvatore, l’autre correspondant dans ce pays que j’avais connu par le biais du journal et nous avions participé l’année dernière à une conférence englobant tous les correspondants et reporters en Amérique de sud.

Nous sommes amenés dans un appartement où se trouvent trois autres journalistes étrangers, pour nous installer avec eux; chacun dans sa chambre, cette fois là.

J’étais contente de retrouver cette liberté provisoirement gagnée, parce que dans d’autres circonstances, nous devions être un couple parfait, donc se coucher ensemble ..

Le soir, nous avons fait la connaissance de nos co-habitants :

Franc, un belge wallon, envoyé par Reuter, de trente deux ans. Timide et un peu effacé.

Rajab, délégué par la télévision d’’Aljazeera, un libanais de trente cinq années. Un très beau garçon, grand, à une petite barbe claire.

John, de BBC, anglais, plus âgé que les deux précédents, aux cheveux gris, et très gai

Ils nous ont accueillis chaleureusement, demandé si nous avons fait bon voyage. Puis, l‘anglais est monté dans sa chambre chercher une bouteille de whisky et retourné avec cinq verres cherchés dans la cuisine. Rajab, le libanais est allé au
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réfrigérateur importer pour lui une canette de coca-cola; il ne touchait pas à l’alcool .

Une discussion immédiate a été entamée par Rajab, en buvant tranquillement son coca, et relevant son cigare à sa bouche pour le faire tourner entre ses dents. Il nous a dit en secouant légèrement sa tête: 

«  Ce qui est étrange dans la dictature de ce pays, que les militaires sont plus acharnés contre les femmes rebelles que cotre les mâles . J’ai cherché à savoir pourquoi. Ils ne les prennent pas pour prisonnières, parce qu’il est difficile de les garder seules dans des prisons spéciales; encore qu’il faut les protéger des viols répétés par les soldats, parce que la rivalité entre les violeurs risque de semer le désordre dans les groupes . Puis, ces femmes sont plus dangereuses pour eux que les hommes rebelles; car, elles sont plus têtues dans les interpellations et la torture, ce qui leur faire perdre le temps . C’est pourquoi ils préfèrent les tuer immédiatement dans les rafles ou après les combats, tandis qu’ils gardent les hommes vivant jusqu‘à un autre sort » .

Je me suis intervenue pour dire :

« Je crois que les raisons sont plus profondes. La dictature veut perpétuer dans le pouvoir . Elle s’enfiche du nombre des individus civils tués dans les combats; mais pour les femmes, elles sont par la nature en principe génératrices des enfants qui risquent de devenir ,à leur tour rebelles comme leurs mères . C’est pourquoi les faire disparaître ajoute de longues durées à la pérennité de leur pouvoir ! »

Rajab m’a répondu que j’avais raison , et qu’il connaît lui un autre exemple pour que les dictatures puisse résister longtemps , c’est qu’elles encouragent l’immigration des hommes et des femmes ,en donnant plus facilement l’autorisation aux femmes de se marier avec des étrangers , tandis que d’autres pays sont plus récalcitrants sur ce sujet .

Christophe s’est précipité pour dire:

«  Tout ça est superflu, l’essentiel c’est qu’il faut distinguer entre le mensonge et la réalité . On dirait qu’il y ait quelque chose dans vos propos qui tentent de fuir le réalisme et l’objectivité .C’est un faux-semblant extraordinaire dans ce que vous dites ! Un prétexte immesurable, je dirais même immorale, exempt de sérénité , avec une suavité trompeuse . Une femme ne peut pas être révolutionnaire, parce que elle est faible physiquement et moralement. Elle est d’une mentalité conservatrice naturelle. Elle est dirigée par un instinct intérieur de se protéger de l’homme qui est plus puissant et supérieur à elle dans plusieurs domaines .Il y a combien des savantes, des astronautes, des officiers , des représentants parlementaires, que des minorités minimes ?Une femme peut avoir sa place dans des métiers correspondant à sa nature: infirmières dans les hôpitaux , institutrices dans les écoles, employées dans……  »

Je l’ai interrompu, en complétant sa phrase:
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 «….dans les maisons des gens riches et corrompus; la femme peut être aussi une esclave d’un homme, une prostituée pour satisfaire à ses plaisirs. C’est ça ce que vous voulez dire? »

Christophe répondit :

« Je ne voulais pas dire ça ; mais, mettons chacun à sa place » puis il a ajouté « Vous , par exemple.. »

Je lui ai coupé encore fois sa parole:

«  il ne s’agi pas de moi . Moi, c’est autre chose, et c’est à moi de me définir et de choisir librement et en toute indépendance mon métier et mon rôle dans la société. J’en assez d’écouter et d’accepter ce que vous racontez » et j’ai voulu quitter le salon pour monter dans ma chambre.

Elle était triste parce qu’elle voulait depuis le début être gentille avec lui, serviable comme traductrice, assistante ou guide , tout ce qu’on veut ; mais pas un être inférieur à lui .

Mais, John, le représentant de BBC est intervenu pour éteindre le feu .Il a dit :

« Vous savez, chacun voit les choses d’une façon différente . Tout dépend du temps et de l’espace . Il n y a pas une vérité absolue .A toute vérité s’oppose une égale vérité .Si l’homme, je voudrais dire mâle et femelle, a trouvé la vérité originaire universelle, ou une corrélation possible entre les deux vérités , il n’aurait pas des religions, des idéologies et des lois, et il ne verrait pas des guerres ou des révolutions qui changent ou corrigent les donnes  »

Cette éloquence de l’anglais a calmé l’atmosphère ; mais Christophe est resté silencieux, comme s’il ne reconnaissait pas sa gaffe envers la seule femme dans cette réunion spontanée, des intellectuels présumés .

Il a proposé de changer le sujet, et a demandé à Franc, l’envoyé spécial de Reuter de leur dire qui est le plus important homme politique de l’année . Il a répondu timidement:

«  Pour moi, le plus important, si vous voulez dire parmi les hommes d’État, les hommes d’affaires ,les présidents des gouvernements etc. je dirais qu’a priori il n y a que des femmes au premier rang, qu’on les appèles ’’ femmes d’influence’’: une chancelière et présidente de l’union européenne;des femmes présidents et premiers ministres en Europe, en Asie et en Afrique; il y actuellement plus qu’hier, des femmes ministres, députés, des femmes de droite, des femmes de gauche, partout dans le monde. Puis il y a la parité qui s’installe dans plusieurs assemblées ou comités importants dans différents pays, même dans le tiers monde, comme à l’Union africaine ou des pays de l’Amérique latine. Donc pour moi c’est la « femme » tout
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court qui est la plus importante de l’année. »

J’avais envie d’applaudir les dires honnêtes du belge, mais je craignais que ce geste aggrave l’inquiétude de Christophe de voir compromettre notre collaboration, s’il y en aura prochainement .

De toute façon, elle était fière d’elle-même, parce que, d’abord, elle n’a pas laissé Christophe dire des méchancetés contre les femmes et tenter, en même temps, de la baisser devant tout le monde ; ensuite parce que la majorité des hommes dans cette réunion était pour la glorification de la femme .

Christophe était encore plus fâché des paroles de Franc, pas parce qu’elles étaient fausses, mais parce qu’elles étaient vraies.

John a proposé ,enfin, de prendre le dernier verre, la bouteille de whisky étant en train de se vider entièrement .

Chacun est monté après , dans sa chambre .


Chapitre 4

Le retour toisé


Maria, très émue, n’a pas pu fermer les yeux jusqu‘à minuit ; elle ne trouvait pas son ‘’ata raxia‘’, sa paix intérieure. Elle se demandait si elle n’avait pas tore à riposter trop vivement aux propos de Christophe; puisqu’il s’agissait d’un échange de points de vue entre amis, pas d’une guerre de religions.

Elle pourrait à tout instant lui dire qu’elle rentrera chez elle, même si elle a perdu son poste au journal après. Mais elle a trouvé cette idée ridicule, vu la raison dérisoire de cette réaction démesurée.

Il fallait donc se rattraper, de lui dire que c’était une erreur passagère non intentionnelle ! Qu’elle l’estime, en fait, et qu’elle l’aime bien.

«  L’aimer bien? Ce n’est pas l’aimer tout court? » ; elle se demandait encore ; mais cette fois là, elle a senti les battements forts de son cœur.

Elle a décidé d’agir immédiatement. Elle a mis un déshabillé sur sa chemise de nuit et sortit pieds nus dans le couloir pour frapper légèrement à la chambre de Christophe qui était à côté de la sienne, après avoir vu de la lumière en bas de la porte.
Elle se souvient bien de cette nuit là :

Christophe était en robe de chambre, avec de lunettes de lecture accrochées sur le nez. Il a cru que j’étais souffrante et j’avais besoin d’une aide. Il s’est dirigé maladroitement vers l’interphone pour avoir la ligne.

Je me suis précipitée pour tirer sa main et lui dire :

« Il ne s’agit pas de ce que tu penses. Je ne suis pas malade. Je suis venue pour te demander pardon. Je ne veux pas gâcher votre soirée. C’était ma faute de te couper la parole en deux fois. Je n’avais pas du tout raison. Vas-tu m’excuser? »

J’avais envie de pleurer et de l’embrasser .Mais il m’a dit :

«  ça ne peut pas attendre jusqu’à demain? J’ai franchement oublié de ce que
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tu m’as fait! »

Cette froideur et cette indifférence dépassant toutes les limites, j’ai pensé qu’il les a faites exprès, pour allumer mes attentions . Je suis restée debout quelques instants en attendant de lui qu’il me dise quelque chose qui ne me blesse pas autant . Mais il n’a pas bougé . Il ne m’a pas même demandé de m’asseoir . J’était un rien pour lui . Une femme inférieure, inégale, ordinaire, comme toutes les femmes qu’il ne respecte pas .

Mon amour-propre était horriblement secoué que ma main n’a pas voulu se tendre pour le saluer. Mes yeux sont restés figés sur ses lèvres froides que je pensais qu’elles se joignent aux miennes dans un long baiser. Puis, je ne sentais rien .

J’étais comme dans un rêve . Plusieurs images passaient dans ma tête . Les unes étaient avec lui , dans un combat de rue et il m’a sauvé d’une mort éminente en me prenant dans ses bras. Les autres dans un hôpital militaire où j’étais allongée sur un lit blanc avec des larges tâches du sang sur les draps , et lui était à mon chevet. Il passait un mouchoir humide sur le front .

Puis , j‘ai ouvert les yeux pour me trouver allongée sur le tapis de la chambre de Christophe et ai senti sa main, en chaire et en os, essuyant mon front avec un mouchoir hydraté . Or, ce n‘était pas un rêve; mais l‘illusion que m‘a provoqué la véracité de mes délires. Je suis devenue capable d‘accepter tout. S’il me chasse je le fait ; s’il me garde je l’accepte aussi.

Alors, je me suis trouvée, pour la première fois, dans ses bras; il m’a serré la poitrine quand j’étais bien réveillée et m’a porté dans son lit , comme une poupée gonflable pour me faire l’amour. Mais je n’avais pas honte, ma fierté restant dans l’esprit, pas dans la chaire .

Est ce qu’il m’aime vraiment ou il a voulu me compenser de la peine que j’ai éprouvée en lui surprenant, à une heure du matin, comme un sort fatal?

Comment suis-je tombée amoureuse, dans moins de quarante huit heures, de quelqu’un qui fait l’amour quand il veut , et il peut le refuser quand il veut ? Est ce que cette sensation vient d’une certaine croyance ambiguë du mazdéisme qui accepte le bien et le mal? Ou je trouve le plaisir dans la soumission à l‘homme?Je n’en sais rien , puisque je connais très peu sur Christophe, dans le domaine de comportement social et sentimental, à part son arrogance et l’obsession de montrer toujours qu’il est sûr de lui, sûr de ce qu’il dit et de ce qu’il pense .

Le lendemain matin ,il m’a dit bonjour comme si rien était la veille .Nous avons attendu Salvatore pour aller ensemble faire une entrevue avec certains membres d’une organisation de rebelles travaillant clandestinement dans les montagnes .

Ce n’étais pas une chose facile; Nous avons marché des heures à pieds, puis
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escaladé des falaises d’altitude et descendu dans des vallées boueuses, jusqu’au centre de commandement général, caché dans un endroit secret.

L’entretien était dirigé par un civil qui se disait colonel, avec de grosses moustaches et lunettes noires foncées pour camoufler ses regards plutôt qu’à se protéger du soleil. Mais il était franc avec nous, considérant que nous appartenons à un journal de gauche en France .

Il nous a révélé les secrets de certaines activités qu‘il a estimées décisives dans les prochaines semaines ., tout en demandant à nous toute la discrétion possible; malgré qu’il savait que si nous étions là , c’est pour avoir des informations plus que les voir cachées . Cela n’était pas sérieux , et Salvatore nous à fait signe de quitter cet endroit , considérant que ce n‘était pas utile de continuer .

En route de retour , Christophe nous a expliqué qu‘il va développer un rapport qui contient pas seulement les secrets du colonel., mais ajouter à ça ,qui était trop grimaçant, que le colonel a ouvert sa poitrine pour révéler aux lecteurs du journal la vérité de la situation .

Je n’étais pas étonnée de son intention d’exagérer le niveau de crédibilité des mots du colonel , mais de le surpasser et dire que c’était grâce à lui, seulement à lui, que nous sommes arrivés à ce résultat . C’était encore l’arrogance et pas moins de l’arrogance, et tout était faux .

Je suis restée silencieuse pendant le reste de la route, mais j’ai regretté beaucoup l’attitude de Christophe .

Le soir n’était pas meilleur. Il a continué à m’ignorer ,tout le temps; pas seulement en consacrant une grande partie de la soirée à rédiger son rapport dans sa chambre ; mais à provoquer une querelle politique avec Rajab, que je l’ai entendue de ma chambre, qui a duré toute la nuit.

Il aurait dû dire en montant l’escalier qu’il ne me verra pas pendant la soirée, parce qu’il serait occupé, et il aurait pu chercher à me trouver dans ma chambre, avant ou après qu’il commence ses discussions interminables avec les collègues .

Il serait égal pour lui que je fusse présente ou pas dans ses entretiens avec les autres . Il était habitué à être accompagné par ce genre des femmes qu’on appèle ’’des cantinières’’ qui ont la réputation de ne pas seulement servir les militaires des boissons , mais coucher avec eux pour servir leur chaire .. Moi; je ne suis pas de cette catégorie .

J’ai assisté de loin à sa discussion avec Rajab . Ce dernier disait que le putsch qui gouverne actuellement le pays est de droite ou de l’extrême droite, et il est lié aux intérêts des compagnies de pétrole internationales capitalistes et impérialistes .Il avait selon moi , tout à fait raison de dire ça . Mais Christophe lui a répondu méchamment

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« Vous, qui êtes libanais, musulman, parlant au nom d’Aljazeera, n’avez pas le droit d’en juger. En principe, vous devez être conservateur avant tout , c’est à dire de droite, donc de la même famille qu’eux ! ».

Je n’ai pas entendu la riposte de Rajab; mais j’était furieuse de cette nouvelle agression de la part de Christophe, sans raison apparente, mais facétieusement au service de la moquerie de ce pauvre gentille journaliste .

Bref, c’est un homme sans cœur, ni âme, ni foi, qui a pénétré de force dans ma vie, avec ses armes incassables du charme et de phisique agréable , attirantes pour le femmes . Il est monté tard dans sa chambre .


Je me suis levée et descendue dans le salon pour montrer mon impartialité ;suis restée un peu, puis j’ai voulu remonter dans ma chambre; j‘ai pris l’escalier, puis le couloire, mais quand j’ai passé devant la porte de sa chambre, je ne pouvait pas me contrôler, j’ai élevé ma main pour frapper à la porte, mais sa voix est venu de l’intérieur me surprendre. Il disait :

«  Je t’ai laissé la porte ouverte. Tu peux entrer! »


Chapitre 5



Le mépris





Le travail a trouvé son apogée la semaine qui a suivi notre départ de Bolivie. Notre collègue Salvatore, nous a organisés plusieurs entrevues et réunions des deux côtés opposants, le gouvernement putsch et les rebelles. Personne ne pouvait dire à quoi peut ressembler l’issue finale. De toute façon, en Amérique latine, à cause du colonialisme perpétuel , puis l’indépendance pauvre d’idées et des moyens, on ne peut pas imaginer une stabilité durable, tant que l’ignorance, la pauvreté et la corruption reste les éléments essentiels da la situation géopolitique dans chaque pays . La gauche fait des pas monstrueux dans l’évolution actuelle des évènements .

La différence des points de vue, entre Christophe et moi, d’un côté et entre nous deux et le reste des autres co-habitants de l’appartement, de l’autre côté, n’a pas cessé d’augmenter ; C’est toujours à la recherche des éléments essentiels des conceptions principales de la démocratie, du progrès et de la gauche, ainsi que leurs opposés et de leurs synonymes que la discussion se déroule souvent; mais, les idées - clefs ne sont - elles pas les clefs de toutes les idées?
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C‘est pourquoi la bagarre intellectuelle éclate entre nous, de temps un temps , provocant un déluge d‘émotions et des sentiments divergents .
J’ai noté dans les deux cas, que Christophe n’a jamais eu une véritable ligne de conduite, idéologique personnelle permanente à souligner, encore que notre travail exige la neutralité ; mais entre collègues nous devons connaître la véritable conviction de chacun, pour ne pas tomber dans des pièges de communication et de compréhension.

Le philosophe Kant quand il a parlé de l’air de Lumières ,il a dit que nous ne vivions pas l’air de clarté mais celui de clarifier .Chacun de nous montrait son identité culturelle idéologique, plus ou moins claire, sauf Christophe qui utilisait l’ambiguïté le l’apparence comme moyens de se révéler intelligent, connaisseur, savant… et quelques fois, un héros .

Autre chose, il a volé, à plusieurs reprises nos opinions, et nos analyses et il les avait insérés dans ses rapports. J’ai voulu lire un seule fois quelques aspects ou caractéristiques de ses propres réflexions ; je n’ai pas trouver .

Mon problème c’est que je n’avais pas la possibilité de communiquer ou de commenter, moi-même ,les évènements qui déroulent autour de moi, tant que je suis accompagnatrice et traductrice , mais pas une correspondante active . J’ai dû garder mes opinions et mes réactions dans ma tête .

J’ai remarqué un certain rapprochement entre Christophe et John, l’anglais. Je n’ai pas su pourquoi, mais je les ai entendu hier parler d’un poste important que la BBC va installer dans les bureaux de l’association anglaise à l’union européenne, comme un délégué général .John a précisé que les rémunérations de ce poste sont très importantes

Aujourd’hui, Christophe m’adit qu’il était élu par l’association de BBC pour la représenter à Brussel et à Luxembourg ; même que rien ne pouvait être décidé d’un
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jour à l’autre. Pour remplir des postes de ce genre il faut plusieurs semaines ,voire plusieurs moi de délibérations .Mais Christophe mentait , soit parce qu’il est mythomane ,soit il a simplement voulu montrer son importance .

C’est pourquoi, il a invité John à diner dans un restaurant assez cher en ville . Il m’a demandé de les accompagner si je peux .J’ai accepté volontiers l’offre pour approfondir la connaissance de ce qu’il tourne dans leurs têtes. Nous nous sommes donnés rendez-vous dans le restaurant même.

J’ai accompagné Christophe ;mais John est arrivé avec une belle femme mûre de trente ans à peu près, qui s’appelait Paola . Celle -ci n’a pas cessé pendant le repas à regarder dans les yeux de Christophe et faire du charme à lui, tandis que John, en échange, me donnait des coups de pieds sous la table .

J’ai compris le bazar que les deux hommes était en train de conclure pour se préparer à accomplir leur plans, même hasardeux et infructueux. .Je me suis dit que pendant toute la semaine dernière , nous avons fait plusieurs fois l’amour dans sa chambre ou dans la mienne, pour nous trouver finalement devant une sorte d’échange pervers entre nos deux couples d’amis .

Le compromis, ou simplement imaginer ce compromis, m’a écœuré profondément et j’ai voulu retourner vite à notre appartement, sans attendre d’autres propositions qui auraient prolonger notre sortie .

Paola a téléphoné le lendemain pour dire quelque chose à Christophe , et j’ai entendu dans le salon la réponse de celui-ci qui a essayé, je pense, de ne pas s’engager trop avec elle, en pensant, peut- être ,à se contenter de nos rencontres nocturnes .

Quant à moi, le basculement de la situation ne m’a pas laissé rompre
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définitivement notre relation intime, car j’avais toujours l’espoir qu’il change un jour;. Mais la continuation de notre travail, malgré ce bordel dans notre vie intime et nos aventures de deux côtés, n’a pas été infectée ; elle restait intacte pendant la journée .

Mais, un jour, l’égoïsme et la lâcheté de Christophe m’ont choqué énormément et compromis la quiétude de mon esprit, quand la police nous a interpellé sur les derniers entretiens avec des personnes qui n’ont pas la loyauté suffisante, par rapport à leur régime .

Nous nous sommes interpellés séparément . Christophe était le premier. Mais quand j’étais interpellée, moi-même, j’ai compris de certaines questions ou certaines commentaires à mes réponses , que Christophe leur a réveillé certains renseignements me concernant qui peuvent ennuyer à ma situation dans mon pays d’origine . Quelques fois ces renseignements n’avaient aucun rapport avec les entretiens en question .

Cela reflète que pour lui, plutôt sa liberté personnelle que n’importe laquelle implication dans les affaires des autres ,même peu importantes, comme celles de moi-même en tant qu’une journaliste de gauche; à l’instar que lui d’ailleurs .Il a dû dire qu’il est là pour transmettre à son journal très objectivement, des résultats de ses entretiens qu’il les estime conformes à la loi et ils ne heurtaient pas à la sécurité du régime .

Il n’a pas voulu se perdre dans les jungles des croyances et idéologies opposée; a-t-il dit sans doute.. La sagesse impliquerait, selon lui,.de compromettre les autres que de rester quelques jours incarcéré dans une prison .Or,l’impassibilité et l’imperturpabilité restent ses lois à appliquer dans tous les cas .

Malgré la révélation et la dénonciation de Christophe , la police nous ont laissé
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tranquilles . Peut-être, trouvaient-ils que les mesquineries de Christophe n’augmentent pas l’ampleur de leurs investigations ; c’est pourquoi ils ont estimé qu’il n y avait pas des raisons valables pour nous incarcérer .

Après cette interpellation , je n’ai pas hésité un seul instant à ne plus entrer dans sa chambre la nuit ,et suspendre tout engagement émotionnel de mon côté, si je peux.


Chapitre 6

Une certaine revanche


Deux nuits consécutives, je ne suis pas allée dans la chambré de Christophe ; et pendant deux journées de travail, je n’ai pas dit un seul mot sur ce qui est passé au cours du diner avec John, ni de la visite de Paola..

Lui, a continué à suivre son habitude personnelle égoïste de ne jamais parler de nos nuits pendant la journée. Même le soir, pendant le repas, et le bavardage avec un ou deux collègues, il ne faisait jamais allusion à ce que nous serons prêts à faire à la fin de soirée. C’est la métaphore qui joue dans notre relation charnelle ; soit par le regard, soit par le geste ou simplement par le moyen le plus direct : frapper à sa porte.

Il ne vient pas me chercher dans ma chambre quand il remarque mon absence .. Rien de tout ça ces derniers jours ;c‘est comme si la terre a cessé de tourner ..

Sa vision de l’amour était contraire à la mienne. Il n’a jamais montré une affection . Il n’a jamais prononcé un mot d’amour même quand nous sommes couchés ensemble . Il ne m’a jamais prononcé les mots ’’je t’aime’’ ou quelque chose qui leur ressemble;jamais dit si j’étais belle ou laide ; intelligente ou idiote ; amoureuse de lui ou pas . C’est le sphinx lui-même . Il sait uniquement faire l’amour , sans rien dire, ni avant ,ni pendant, ni après.

Je l’ai accepté comme il est, ou comme il a voulu , peut-être, que je fasse .Mais la réticence à l’amour était son handicap et son charme à la fois, et s’il était résistant à la correction ou à l’amélioration , je ne pouvais rien faire pour lui, ni pour moi, même si je lui ai montré l’indifférence, la négligence ou l’abstention .

J’ai songé qu’il n y aura que la jalousie , ou la rivalité, peut-être, avec un autre homme choisi par moi-même, qui peuvent provoquer chez lui une quelconque réaction . C’est pourquoi je me suis dit que Franc, jeune et beau, peut faire l’affaire .

Un jour je n’ai pas pris ma place habituelle quand nous mangions ensemble, mais à côté de Franc . J’ai fait tout mes possibles pour montrer que je me suis attaché à lui, qu’il m’intéresse et qu’il me plait. J’ai souris plusieurs fois à lui . Je lui a fait des regards prolongés quand il parlait . Je lui ai demandé certains services à table, si
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j‘avais besoin ou non ; sans dire un mot à Christophe , comme s‘il n‘existait pas .

A la fin de repas, j‘ai demandé à Franc de m‘amener voir un film, s‘il a le temps ; il a dit timidement oui . Nous sommes sortis immédiatement après le repas, et je le pris par la main, avant de traverser la porte d‘entrée .

J‘ai lancé un tout dernier regard à Christophe, avant que nous soyons complètement dehors. Il était ébahi, figé et songeur .

C’était exactement ce que j‘ai voulu .Parce que quelqu’un qui mettait le plaisir charnel au premier rang, à la place de l‘amour, méritait cette épreuve..

Au cinéma ,j’ai cessé de faire du charme à Franc. Je ne pouvait pas continuer à faire la comédie avec lui. Il était tellement naïf, pour être compromis dans mon projet dangereux .

Nous étions en train de retourner, après le film , quand il m’a proposé d’aller danser dans une salle de dancing , qu’il avait aperçue la veille à côté de notre résidence .

J’ai accepté sans hésitation , parce que j’ai estimé que la prolongation de mon absence dans l’appartement pourrait augmenter l’effet de mes manœuvres vis-à-vis de Christophe

En dansant dans la salle, le pauvre Franc n‘a pas osé de me serrer ou chuchoter des mots doux dans mes oreilles , comme la plupart des hommes et des femmes dans notre situation. Au contraire, sa timidité était aggravée encore plus par notre rapprochement du corps .Il dansait comme un adolescent qui venait d’apprendre les premiers pas et tournures ...Mais sa gentillesse, même sa timidité, m’ont comblé . Je garderai ces souvenirs avec lui ,à cause de leur opposition complète à ceux du sacré Christophe .

Au lendemain nous avions, par imprévision, une conférence de presse avec une personnalité importante, que l’autorité militaire nous à fait part par un coup de téléphone au dernier moment . Tous les cinq co-habitants, et Salvatore en plus ,étaient présents pour ne pas agacer le putsch .

Nous étions assis, tous ensemble, sur le même rang , j’ai choisi instinctivement le siège à côté de Christophe . Il s‘agissait du travail, quand même; je me suis dit après . Mais ce dernier n’écoutait pas le conférencier, ni les journalistes qui lui ont posé des questions . Christophe était ,pour une fois, absent d’esprit . Il tournait la tête, d’un temps à l’autre, vers Franc qui était complètement absorbé par la discussion .Mes manipulations ont, donc, bien réussi .

Mais, juste après la conférence, Christophe est entré en discussion avec Franc. Elle a abouti en quelques minutes à une véritable querelle entre les deux . Le méchant Christophe a inventé tant d’idées, fausses entièrement, qui n’étaient pas vraiment au
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cœur de la conférence , parce qu’il a passé son temps à penser à la revanche qu’il prendra contre Franc , pas aux conceptions et propos de la locution de l‘homme politique .

Moi, j’étais fâchée, mais je ne me suis pas intervenu dans la querelle, pour ne pas ajouter du feu à la lutte que les deux hommes ont entreprise . Ce sont les autres collègues qui ont concilié entre les deux ; puis, nous sommes retournés, au ralenti, plus ou moins bavards, dans notre appartement avec Salvatore qui a voulu s‘assurer de la paix installée entre les deux journalistes .

A la fin de la soirée, j’ai choisi le moment où Franc voulait monter dans sa chambre pour que je fasse la même chose, sous les yeux de Cristophine lui-même. Mais, en fait, je suis allée dans ma chambre . Il serait catastrophique pour le pauvre Franc si j’ai continué avec lui ma comédie et entrer réellement dans sa chambre .Le doute et la jalousie de Christophe sont , à juste titre , assurées ; et c‘était ça le principal..

Je suis restée longtemps réveillée dans mon lit . Je songeais à l’avenir de notre mission, qui va durer encore plusieurs semaines, parce que le putsch militaire a réalisé certain succès . Alors comment je peux suivre le développement de mes rapports devenus, à la fois, très compliqués avec les deux, Christophe et Franc ?

Chapitre 7

Je t’oublierai !


J’ai constaté après une réflexion profonde, que j’ai crée par une conviction intérieure un argument irréfutable qui consiste à dire que ma fierté est sauvée ; car, Christophe est devenu jaloux, enfin, à cause de ma nouvelle relation avec Franc, sans décider définitivement, si je reste amoureuse ou pas.

Mais le gros problème qui a surgi à présent, c’est que Franc avait cru à mes avances, et il a commencé à montrer son attachement à moi par tous les moyens. Or, je me suis trouvée avec cette manière devant un dilemme sans issue ; devant un fossé que j’ai creusé moi-même pour que je tombe dans ses profonds.

J’avais la fausse idée qu’un homme très timide comme Franc, ne peut accéder qu’aux plaisirs intellectuels ou spirituels. J’avais tore ; car la façon dont Franc a utilisé pour me séduire étais efficace. J’ai commencé, depuis un certain temps, à m’intéresser à ses émotions et ses sentiments amoureux.

Christophe , malgré que je ne monte plus dans sa chambre, n’imaginait , je suppose, je puisse être attachée à quelqu’un d’autre.Il faisait encore son recours aux mythes pour se consoler , dans son intérieur , sa déception ou son échec, et camoufler, en fait, sa faiblesse morale. Tout cela ne paraissait probable dans son cas . .

Seulement , je me suis demandée si mon intéressement à Franc et, peut-être le vrai amour qui s’approche lentement à mon cœur, ne sont qu’un enrichissement de ma revanche vis-à-vis de Christophe. J’avais peur de décevoir ou trahir Franc dans l’avenir si je continue à écouter les mille diables qui résident encore dans mon esprit .

Mais l’obstination de Franc m’a poussé à avoir un véritable sentiment amoureux envers lui , tout en restant au stade d’echange des mots agréables et l’envie de nous trouver ensemble , séparés de temps en temps de notre clan de journalistes, devenus, avec le temps, des amis solidaires, trop liés par les circonstances .
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Ma relation de travail avec Christophe reste normale, malgré tout .J‘ai réussi à lui convaincre tacitement que notre travail doit être dissocié complètement de nos préoccupations personnelles .

De plus en plus , j‘aimais Franc; j‘appréciait ses idées très proches à ma conviction idéologique de gauche, malgré son appartenance à une agence conservatrice et des journalistes considérés par nous, les progressistes, comme des gens de droite . . .

Nos rencontres sont multipliées par deux, et nous avons cherché chaque minute à gagner dans notre quotidien: entre les entretiens , les conférences, les investigations et les enquêtes .

Les salles de cinéma ,quand on trouve le temps, comme les dimanches , par excellence, présentent l’endroit idéal de nos rendez-vous,pour nous séparer des autres, spécialement de Christophe qui, d’ailleurs, n’aimait pas les films cinématographiques.

Un jour, en quittant la salle, nous nous sommes trouvés d’un seul coup, au milieu d’un combat de rues entre partisans des rebelles et des milices d’extrême droite, alliés aux militaires .

On entendait de partout des éclats de balles et d’explosifs, des cris , des hurlements des voitures blindées qui arrivent , accompagnées d’ambulances.. bref, une petite guerre comme celles qui éclatent de temps à autre , depuis notre arrivée dans ce pays .

J’ai voulu m’abriter avec Franc dans un lieu sûr; mais en courant vers l’entrée d’un immeuble je suis tombée par terre ; Franc a reculé pour m’aider à me soulever . Un homme armé s’est apparu dans la rue, à quelque dizaines de mètres ; il lança une grenade qui est tombée à côté de nous, puis il a disparu . Franc était touché par des éclats dans la nuque et le bras, tandis que moi étais épargnée, parce que allongée par terre, alors que lui était debout .

Le sang coulait par tout; sur son visage, sa chemise , ses mains. Je l’ai pris entre les bras et j’ai attendu une ambulance pour le prendre dans un hôpital.

Vingt minutes après, nous étions dans les urgences d’un hôpital médiocre . Un chirurgien m’a dit que les blessures de Franc n’étaient pas tellement graves après les premiers soins ; mais il était mieux qu’on le garde pendant quelques jours à l’hôpital . Franc était conscient et il m’a remercié pour mon aide, tandis que c’étais moi qui devais lui remercier parce qu’il a risqué sa vie en reculant pour me secourir .S’il était tout seul , il ne serait pas touché .

Je le visitais tous les jours sans ou avec nos collègues et je lui ai donné tout ce que je pouvais faire avec une profonde tendresse et quelques baisers à chaque fois je trouvais l‘occasion .
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Il m‘a demandé un jour de lui chercher dans sa chambre un livre ou deux, de ce qu‘il a l‘habitude de lire, et son cahier de rapport s pour décrire son petit malheur à son agence.

La chambre de Franc était en face de celle de Christophe . Quand je suis entrée , j’ai eu un sentiment bizarre d’un appel intérieur qui me pousse à me trouver avec lui sur son lit, mis au milieu de la chambre, comme celui de Christophe . Je suis restée assise sur le lit en réfléchissant quelques minutes , puis j’ai décidé de faire l’amour avec lui, pour la première fois, quand il sort ne l’hôpital .

Christophe n’avait montré que peu d’intérêt pour visiter Franc plus qu’une fois. Je me suis demandée s’il n’a pas profité de l’absence de Franc, pour essayer de me récupérer en quelque sorte. Moi, je n’ai pas changé ma réticence et ma recherche absolue de dignité personnelle .

Quand l’hôpital permis la sortie de Franc , j’ai appelé Salvatore pour accomplir les formalités, en vertu de son rôle de surveiller à la satisfaction de nos besoins administratifs et autres, dans ce pays .

Franc est retourné à l’appartement dans l’après-midi et il a dîné avec nous. Il était en bonne forme et riait joyeusement avec les copains, contrairement à ses habitude .L‘amour lui a donné de relance et du courage pour oublier sa timidité, pensais-je profondément .

Le soir, Franc était le premier à monter dans sa chambre .Je suis restée un peu dans le salon afin de dire à tout le monde ‘’Bonne nuit’’, pour que personne ne soupçonnait qu j’ai suivi Franc dans sa chambre .





………..





Cette histoire entre Maria et les autres s’approche à sa fin. En réalité, notre journal ne s’intéresse pas à ce que nos correspondants ou nos reporters faisaient dans leur intimité . Mais le dernier acte a attiré notre curiosité .

Maria monta l’escalier tout doucement quelques minutes plus tard, et quand elle fut arrivée au milieu du couloir entre les deux chambres, de Christophe et Franc, située face à face, elle s‘est arrêtée quelques instants, puis elle a frappé à la porte de…. Christophe !

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Il était surpris et il l’a pris dans ses bras.

Nous laissons Maria continuer la description de cette scène :

Nous sommes entraînés dans des longs baisers , puis Christophe m’a porté dans ses bras comme la première fois, sur son lit . Il m’a fait l’amour comme s’il n’a jamais fait auparavant . J’étais dans une extase sublime . J’ai fermé les yeux et je lui ai dit, en criant très fort:

« Je t’aime , mais je t’oublierai !
« Je t’oublierai ! »
« Je t’oublierai ! »

Il ne m’a pas répondu.

Si vous voulez la vérité , je ne trouverai mieux que Christophe dans mes prochains voyages .

Fin

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